mercredi 14 juin 2017

« T’as des habits pour bricoler ? » « Moi non, mais mes amis oui.

Voilà le dialogue d’un récent samedi entre votre humble serviteur et le compagnon de l’amie que j’aidais du mieux que je pouvais dans ses travaux d’aménagement de gîte.

Faut dire - et pour ceux qui me connaissent un peu c’est une évidence vite évidente – que je ne suis pas très doué pour le bricolage. Mais en plus, ce jour-là comme je n’avais pas bien dû lire l’email d’ « invitation »  à cette journée, je croyais que j’allais participer à quelques séances de yoga.

Et donc je m’étais habillé pour la circonstance :  soit avec des vêtements amples et relax effectivement totalement inadaptés aux différents travaux qui me seront confiés, à savoir, dans l’ordre : dans le grenier décrochage de néons et d’leurs câblages, au rez-de-chaussée noircir un ancien et volumineux  four avec une sorte de cirage pour finir – et cela m’a littéralement achevé au propre comme au figuré - de ranger dans une remise des bûches, lattes, petites branches d’arbre, poutres, etc. afin de dégager de la place pour amener d’autres bois que j’aurai également le plaisir de porter d’un endroit à un autre. 

Alors même que dans un futur proche, ils devront tous être ressortis afin d’être découpés à taille utile pour rentrer dans les différents fours de la maison. Cela m’a donné un peu l’impression de faire le boulot de Sisyphe, soit de faire quelque chose sans fin qui a aussi peu de sens que d’utilité.

Sisyphe, selon le mythe grec, est condamné par les dieux à pousser une pierre au sommet d’une montagne. Or une fois ce sommet atteint la pierre roule jusqu’en bas et il lui faut recommencer l’opération.

Une soirée à la « Vigne philosophe » terminera cette longue journée et nous nous donnons rendez-vous la semaine prochaine, même heure même endroit.

Ce samedi donc me voici équipé : vieux jeans délavé et déchiré, pull avec trous aux manches et (belle) chemise. Bin oui, les autres, je les ai jetées.

Et c’est avec enthousiasme que je m’attelle aux travaux du grenier.
Comme il a brulé, les poutres sont noires de noir, et il m’est demandé dans un premier temps de faire disparaître les plus ou moins grandes taches de couleur blanche sur les dites poutres. Ces dernières sont des éclaboussures de peinture, survenues au moment où certains ont dû clacher avec grande énergie les murs reconstruits, plutôt que d’y laisser glisser le pinceau tout en douceur.

Muni de gants, je m’empare de l’engin idoine.
Pas terrible l’engin, je dois passer et repasser un nombre de fois certains avant d’apercevoir comme l’ombre d’une évolution, sauf quand plutôt que de mettre l’outil à plat sur le bois, je le mets perpendiculaire. Là, l’évolution se voit presqu’à l’œil nu. Mais demande encore de passer, passer et repasser pour qu’il n’y ait vraiment plus aucune trace visible de ce foutu blanc.

Je m’en ouvre à mon amie qui transmet à son copain qui arrive avec un outil plus performant. Mais, me dit-il : « il faut veiller à bien positionner la feuille de ponçage quand elle est usée afin de respecter les trous qui permettent à l’appareil de respirer ». 

Opération bien délicate pour le grand myope que je suis à vision plutôt monoculaire. Ce qui signifie que les objets sont rarement là où je les situe. Je referai pourtant cette manœuvre trois fois en la recommençant bien sûr un nombre incalculable de fois pour fort bien la disposer…

Ha cette fois, cela va plus vite, mais qu’est-ce que cela produit comme poussière ! Sur ces murs tout blancs, ce noir ne produit pas d’ailleurs le meilleur des effets… Mais en soufflant fortement dessus juste après mon passage sur les poutres, le tout s’envole à qui mieux mieux et sali « joliment » ma chemise bleue.

De deux étages plus bas monte une voix : « Attention aux agrafes qui sont plantées dans les poutres, cela pourrait déchirer l’abrasif ».
Pas de souci a priori, je passe ma main dégantée, sent les dites agrafes et avec un tournevis les enlève. Enfin enlever, lors de la dite manœuvre, elles ont une fâcheuse tendance à se casser. D’où je descends au rez-de-chaussée pour demander une autre pince.

Et j’en reçois une sacrément efficace, à une nuance près : elle coupe plutôt que pincer. Du coup le morceau qui reste dans la poutre est encore plus petit et encore plus dangereux pour la machine.

Une autre pince svp ? Celle-ci est tellement petite qu’elle ne pince quasi pas mais, à force de ténacité agrémentée de gros soupirs, j’arrive petit à petit à enlever ces diables de restes tout en décidant d’être pour la suite plus adroit afin de ne pas casser les dites agrafes en les retirant. Je progresse doc, je progresse.

Ceci dit, j’ai l’impression que cela n’avance toujours pas très vite.
Après un repas frugal composé de tartines et de fromages durs de la région que, à défaut de connaître, je goûte avec plus ou moins de succès. Y en quand même de très spéciaux : fromage dit bleu, fromage à base de carottes, fromages de chèvre (faut aimer) ; j’en passe et des meilleures. Le tout agrémenté d’une soupe bien épaisse, tellement d’ailleurs qu’il faudra l’allonger plusieurs fois pour qu’elle accepte enfin de tomber moins brutalement dans mon stomac.

Après ce repas requinquant, il m’est apporté un appareil de compétition.

Waow, ça arrache un max, produit des étincelles à fonds. Même que cela commence à sentir le bois brûlé. Par contre niveau poussière, ça commence à devenir par trop conséquent, d’autant plus que - comme déjà signalé mais vous verrez que le rappel est loin d’être inutile - je ne vois pas super bien, je m’approche de plus en plus dangereusement de l’engin. Mes lunettes s’obscurcissent à vue d’œil et je sens de temps en temps comme des piques au niveau de mes jambes et ventre. Je me dis que sa puissance doit être vachement importante pour qu’elle envoie valser des copeaux de bois à si grande vitesse.

Je ralentis le rythme, essaye différentes manières de me positionner, de positionner l’engin… rien n’y fait, je continue à recevoir comme des piqûres. Même que cela commence à être douloureux. Bien, il est temps de regarder d’un peu plus près ce qui est en train de se passer.

Et là, oh surprise, je découvre dans mon pantalon et ma chemise des bouts de métal. Y en a un sacré paquet, partout, dans mes cheveux aussi. Je comprends mieux pourquoi cela ne me faisait pas du bien. Mais d’où elles viennent ces petites tiges ? Mais de la ponceuse pardi : il y a quasi la moitié de la roue qui s’est dénudée. Elle est même carrément foutue. Par ma façon de procéder, je l’ai détruite et me suis mis en danger. Je décide donc de changer de travail, cela me paraît nettement plus prudent.

Et me revoilà à re-transbahuter du bois, mais cette fois je ne suis pas seul,  l’opération se déroule du jardin - en pente très forte, un peu casse-gueule quoi – pour être remiser dans un endroit plus large – porte et remise - que samedi passé. Mais comme ce bois était celui qui retenait des ardoises murales qui viennent d’être enlevées, il reste encore équipé par ci par là de gros clous et de certains morceaux d’ardoise… pas facile facile à enlever tout ça. Faire et défaire, c’est toujours travailler. 

Néanmoins, à deux, le travail avance nettement plus vite : l’une centralise sur le haut du terrain les différents morceaux en les jetant les uns sur les autres, l’autre – c’est-à-dire je - les réduits en taille, les jette dans une brouette et les transporte vaille que vaille jusqu’à l’intérieur où il les ressort de la brouette pour les empiler. Voilà, le plus gros du travail effectué. 

Ceci dit, ça fatigue. Et ça fatigue même beaucoup. Je décide dès lors de me reposer un peu. Je vais m’asseoir juste pour un instant. Comment un homme assis alors qu’il y a tant et tant à faire ? Pas question.

Et de recevoir aussitôt un pinceau et une nouvelle mission : repeindre à l’extérieur des morceaux de paroi. « OK, mais je ne fais pas les bords sinon je vais en mettre partout. » Et malgré tout, arrive ce qui devait arriver, je déborde avec de la peinture blanche sur des poutres extérieures brunes.

Directement, je suis le bon conseil qui m’a été donné pour le cas où, et passe avec une loque mouillé dessus. Ah zut, loin de faire disparaître la marque, bien au contraire chacun de mes passages en provoque une extension. Et là, ce n’est plus une simple tache, c’est carrément devenu une ligne. Heureusement, un peintre professionnel pas loin a vu mon désarroi et vient discrètement passer une couche de brun. Grâce à son geste, on ne voit plus rien de ma maladresse.

Par contre, pour la tache de peinture sur ma belle chemise bleue, c’est à mon avis grandement foutu. Bin, ça y est, c’est fait : j’ai maintenant aussi une chemise pour bricoler.


Ceci dit, pour moi, c’est le signal qu’il est grand temps de m’arrêter, et cette fois c’est avec un bouquin que je vais m’asseoir sur une chaise. 

Mes amis de s’inquiéter de savoir si je suis fâché et me pose la question. « Non, non, c’est juste que j’ai conscience de mes limites et veut veiller à satisfaire mes propres besoins. » 

Et de me lancer dans la lecture de « Mange, prie, aime » de Elizabeth Gilbert : comme quoi, encore et toujours l’Inde. Depuis mon séjour d’un mois l’an dernier à pareil époque, ce pays ne me quitte décidément plus, même s'il faut bien reconnaître qu'il ne m'a pas fait franchement évolué en termes de "bricoleur de génie", quoique ...

mercredi 7 juin 2017

Concours "Reine Elisabeth" -,Finale violoncelle



A la toute dernière minute, via une amie qui a eu une place à un tarif sacrifié via un ami, et qui ne peut s’y rentre pour cause de travail « en retard », me voici en route pour le dernier jour de ce concours prestigieux.

Fort de ma dernière expérience automobile pour aller aux« Bozart », j’ai changé d’itinéraire et suis, cette fois, fort heureusement, arrivé sans encombre. 

En plus, peu de file au Parking où il est amusant d’apercevoir tous ces gens, pour la plupart sur leur trente et un, s’épiant les uns les autres afin de voir s’ils sont vus. 

Cette dame d’un  certain âge que je croise à l’entrée du garage, elle à pied, moi dans ma Tata (Jaguar a  été racheté par les indiens), jette un coup furtif au conducteur.

Eh oui Madâme, ce n’est que moi !

Ceci dit l’inverse se produira quand, au même endroit, cette fois c’est môa qui suis à pied et croise une belle Ferrari grise. J’ai regardé. Non, ce n’était pas mon cousin au volant !

A l’entrée des Beaux-Arts, petit moment de chaleur, après le passage au « scanner » debout les bras écartés de face puis de dos, à la première réception on me dit d’aller à une seconde où là il y a deux guichets : un pour les VIP, un pour les journalistes. N’étant pas journaliste, je vais aux VIP.

J’me présente et demande ma place au nom de X de la fondation Y avec numéro de mon siège et lettre de l’allée. 

La dame me regarde de travers : « Mais vous êtes qui ? » Je redonne mon nom et lui signale que c’est sans importance puisque une place m’a été réservé par etc. 

Elle m’arrache mon bout de papier pour lire ce que je lui raconte. Pour ceux qui me connaissent, ils savent que j’ai une écriture de médecin sans pourtant en avoir suivi la formation. J’ai, en quelque sorte, gagné 9 ans. 

Elle est donc généralement totalement illisible même quand je fais des efforts. Et comme là, j’avais écrit pour moi... Autant dire qu’avoir ce papier dans les mains ne lui sert strictement à rien. Et de me déclarer : « cela ne me dit rien. Allez voir à côté », soit du côté des journalistes. 

Autrement dit, elle me renvoie donc purement et simplement bouler sans plus m’accorder aucun regard. Je n’avais sans doute pas dû être assez hautain dans mon expression ! Par chance, à côté, c’est une charmante dame qui m’écoute avec attention et me répond : « Ecoutez, la seule chose que je peux faire, c’est vous donner la dernière place pour journaliste que j’ai. Je ne sais pas si la vôtre est meilleure ou pas. Mais comme ça vous pouvez rentrer et vous rendre à votre place. Si elle est libre, prenez-là. Sinon, vous aurez toujours cette place ci ».

Je la remercie chaleureusement et me présente aux sbires qui scannent cette fois non plus les personnes mais les tickets. En le regardant, l’un d’eux me dit : « pour vous en bas à droite ».

En fait, j’ai une autre place : « orchestre, allée X numéro Y ».

Il m’arrache mon ticket des mains. Dis donc c’est une manie chez eux. Je serais quand même curieux de voir quelle type de formation on leur fait suivre pour faire leur boulot : « alors surtout, c’est très important pour vous faire respecter, ne soyez pas aimable, jamais au grand jamais, et n’oubliez pas de systématiquement arracher le papier des mains de votre interlocuteur. » 

Et celui-ci de clamer d’un ton très énervé : « Moi, Monsieur, je ne regarde que le ticket, et votre ticket vous envoie en bas à droite, c’est tout, allez » du genre « circulez, il n’y a rien à voir ». 

Je n’insiste pas et vais trouver une petite dame un peu plus loin qui distribue des dépliants. Elle est bien plus sympathique et m’indique le bon chemin. Il se fait que pour le début, c’est le même que celui qui m’avait été aboyé, mais le point d’arrivée est bien sûr différent. 

C’est d’ailleurs une excellente place avec un couloir à ma gauche et devant moi : donc je ne suis pas coincé entre deux personnes et j’ai de la place pour les jambes, euh une fois qu’il n’y aura plus tous ces gens qui circulent.

J’entends derrière moi un «Oh, comment ça va, dis ? » dans un claironnement de ton « zoutois » qui monte en crescendo d’une façon telle qu’il ne peut qu’être entendu. Après tout on est aux Beaux-Arts et on est venu pour entendre…

La sonnette sonne. C’est son rôle.

Elle provoque un mouvement de panique BCBG : chacun s’affichant à la recherche de son siège, l’air de rien ! Genre : on est des habitués. C’qui fait qu’on connaît par cœur l’emplacement de toutes les allées et la numérotation des places. 

Et pourtant, cela se déroule avec des hésitations manifestes, des regards qui commencent à désespérer et des « pourtant je suis sûr que c’était là nos places » pour revenir plus tard dans un « c’est bien ça, nous sommes ici »

Et le clairon zoutois de claironner à nouveau « Moi, je préfère celle-là » en laissant Madame, plantée, là, en une fois toute seule, un peu étonnée quand même. « J’ai un Monsieur trop grand devant ». J’avoue être tenté de me retourner pour voir si ce n’est pas plutôt lui qui serait trop petit …

Mon voisin a pris d’autorité mon accoudoir droit et pour applaudir l’entrée des musiciens tapote aussi discrètement que légèrement d’une main celle posée négligemment sur le programme de la soirée.

Applaudissement poli du public pour l’entrée du jury et nourri pour celle de la reine qui nous salue d’une main un peu comme le ferait un cycliste, soit d’un geste populaire, même s’il a dû être savamment étudié et répété.

Cela commence par le morceau imposé d’un compositeur contemporain japonais qui doit être quand même assez torturé pour écrire des trucs comme ça, soit des sons discordants que n’auraient pas dédaignés Hitchcock dans son film Psychose au moment de la fameuse scène de la douche. 

La tension dramatique d’ailleurs monte de plus en plus, et cela me devient de moins en moins auditivement supportable.

Mais tous les spectateurs – auditeurs ont l’air de se satisfaire de ces sons intello-japonisant-torturés au violoncelle auxquels se mélangent des notes cristallines bienvenues émanant d’un xylophone au milieu des cris de violons accompagnés de grattements de gong et de cuivres qui se lamentent.

Quand les musiciens s’arrêtent, le silence qui suit pendant plusieurs secondes avant les applaudissements est impressionnant… Et puis le jury se met à applaudir. Ce qui donne l’autorisation au public de le faire également. Pour s’y joindre, le chef d’orchestre tape dans sa main avec sa baguette. Cela doit quand même lui faire mal, mais il semble fort enthousiaste.

Et le morceau suivant de s’entamer.

Comme je suis parti en mode audition images cinéma, les titres défilent dans ma tête : Colombo en Espagne (oui je sais, c’est de la TV et il n’a jamais fait d’enquête en Espagne), Vertigo, L’homme qui en savait trop, Les hauts de hurle-vent version romantique, Les aventures de Michel Strogoff version russo-tzigane, M le maudit, La mort aux trousses, etc. Oui je sais, j’aime bien Hitch. Mais au fur et à mesure du temps qui passe, je finis par totalement me faire happer par le jeu éblouissant du violoncelliste et l’ampleur musicale qui se dégage de cet orchestre philharmonique bruxellois en exercice.

En fait – mais je ne le sais pas encore – j’ai eu la chance exceptionnelle et un plaisir rare : entendre en direct et in situ le futur gagnant.

Entracte pour une courte pause cigarette où je rencontre un collègue d’Epsilon et son épouse (ce qui est aussi inattendu que sympa), passage devant ces dames plus ou moins gênées de faire publiquement la file pour une petite ou grosse commission, un coca, et c’est reparti pour écouter la même chose différemment.

Derrière moi, cela parle bruyamment allemand, et les flamands dans les couloirs et ici sont bien présents, si pas en nombre, quoique, en tous cas en bruits et tenues, à défaut de savoir se tenir. 

Quelle mauvaise langue je suis ! Donnons donc quelques exemples : de la rangée devant émergent ostensiblement des bretelles de soutien-gorge rouge écarlate, de la rangée à ma gauche des baskets d’une telle blancheur qu’elles n’ont jamais dû voir un terrain de tennis de leur vie, le siège devant ces chaussures, un type est occupé avec son PC. Et d’aucuns ont enlevés leur veston et sont en bras de chemise…

Le brouhaha s’atténue en même temps que les lumières mais le clairon zoutois, encore lui, toujours le même, trouve encore le moyen de se faire entendre : « Môa, le chant et le piano, j’aime bien ».

De là, à faire comprendre qu’il s’emmerde, il n’y a qu’un pas. Et vu le prix des places, y en a qu’on les moyens pour s’embêter … entre mélomanes.

Cette deuxième heure, cette fois avec un violoncelliste russe (le premier était un français), je ne la vois pour ainsi dire pas passer (euh, mon voisin non plus, il s’est endormi et ronfle un peu comme il tape dans les mains, très discrètement) tellement je suis embarqué par ce musicien qui vit totalement sa musique. Tout son corps et son visage sont transportés. Même quand ce n’est pas à lui de jouer, il se dodeline sur son siège littéralement possédé par la musique. A la fin de sa prestation ce sera d’ailleurs une standing ovation largement méritée.

Et c’est la tête emplie de toute cette musique que je retourne au parking en saluant au passage deux musiciens de rue : l’un avec son piano à bretelles et l’autre avec son harmonica. Autres lieux, autres genres. 

Toutefois,  la musique est et restera toujours de la musique, qu’elle soit à la scène ou à la rue.

Ma soirée fut excellente. J’espère vous en avoir fait profiter quelque peu.

jeudi 27 avril 2017

Cérémonies




Cérémonie d’ouverture des cours

Elle est censée commencer ce premier jour à 16h30.
A 16h45 je me réveille en sursaut, regarde par la fenêtre et voit toutes une série de nattes posées auprès d’un brasier et les participants qui l’entourent.

Dans ma précipitation à prendre ma propre natte (ce qui se révélera pas du tout nécessaire), je fais tomber ma pierre de protection pour les peines de cœur. Astrid y voit un « mauvais » présage et trouve dès lors qu’il m’est urgent de la faire nettoyer. Réflexion faite, pour ma part j’y vois plutôt un bon présage. Si elle est tombée, c’est que je n’en n’ai plus besoin car je suis déjà dans un lieu protégé. 

La cérémonie est celle du feu dans laquelle se combineront les 4 éléments, une 1ère invitation à ouvrir le 3ème œil et se terminera par une offrande de la terre au feu. A la toute fin, après 4 « toucher » (au front, au nez et sur le bout de chaque favori) nous recevrons un collier de fleurs orangées et très odorantes ainsi qu’un petit morceau de massepain. Le tout n’aura duré qu’1 heure.

Cérémonie du feu au bord du Gange.

Cela se déroule sur un endroit spécialement prévu pour avec gradins (en fait les marches d’un gigantesque escalier), un orchestre live fortement amplifié, une foule bigarrée aussi nombreuse que bousculante et pas mal d’officiants (jeunes et moins jeunes) tous de jaune vêtu.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que cela a de l’allure. Quand le bac principal est bien enflammé, plusieurs lampes à formes variées y sont allumées et tenues par ces officiants qui se dispersent dans la masse des spectateurs qui s’empresse d’essayer de les toucher. 

C’est à ce moment leur façon pratique de participer à la cérémonie, mais attention à bien saisir la tige qui soutient ces petits feux par le bas et à ne pas faire comme moi : heurter le foyer, brûlure foudroyante garantie. Ca fait « bich », comme on dit chez moi.

Je vais le plus vite possible plonger ma main dans le Gange au milieu d’ablutions très codées, on ne sait jamais, des fois que l’eau s’y révélerait miraculeuse … peine perdue et pourtant le simple fait qu’autant soient là à y tremper dans un manque absolu d’hygiène sans qu’il n’y ait de maladies est déjà un miracle en soi. Heureusement que j’ai à l’hôtel de la crème pour ce genre de problème. Mais le temps d’y arriver, j’ai déjà sur mon doigt une belle et fameuse cloque.

Durant l’avant-cérémonie j’en ai profité pour confier au fleuve sacré les quelques morceaux gardés de ma pierre bleue, reliquat de ce qui reste après sa chute dans ma chambre tout au début du séjour. Astrid me l’avait conseillé en façon de dire au-revoir à un passé récent de ma vie (la longue procédure de divorce) et de demander que plus jamais je n’ai à subir l’influence de certaines personnes toxiques. L’idée n’étant pas de couper tous contacts avec ces gens mais de mettre en place le nécessaire pour ne plus autant en souffrir.

Le code pour se « nettoyer » religieusement dans le Gange est le suivant : prendre de l’eau en ses deux mains jointes et la verser sur le corps en partant de la tête, s’y reprendre à plusieurs fois en se frottant tout le corps du haut vers le bas ; d’aucun(e)s osent même en boire et en reprendre. Rappelons quand-même que le Gange fait partie des fleuves les plus pollués au monde.


Pour ma part, j’ai juste fait trempette des pieds ; deux fois : une première jusque comme ça pour pouvoir dire que je l’ai fait, une deuxième pour en prendre un cliché, hein, des fois qui en auraient qui me croiraient pas, tout en tentant de faire des photos – elles seront toutes ratées - de petites lumières entourée de fleurs sur de minuscules barquettes en papier poussées par le courant et dérivant de ci de là. Ce spectacle a quelque chose de merveilleux, presque magique.

Ensuite, juste avant de quitter les lieux, pour ceux qui le souhaitent, contre offrande sonnante et trébuchante un personnage dans un petit bâtiment entouré de multiples statues de dieux indous vous donne un peu de nourriture à leurs offrir et vous met un point rouge sur le front. C’est l’indication pour tout et un chacun que vous avez participé à une cérémonie de purification.

Ceci dit, la cérémonie a beau être finie, certain(e)s sont encore dans un état de semi-transe. Ils crient joyeusement et se congratulent les uns les autres. Pour la plupart, ils gesticulent de façon impressionnante; certains dansent, d’autres frappent en rythme dans les mains. Bref, c’est pas fini pour tout le monde.

Détail amusant : le guide nous fait reprendre nos chaussures à un comptoir payant pour nous les faire aussitôt enlever quelques mètres plus loin (il faut être pieds nus pour recevoir the point rouge) pour ensuite les remettre immédiatement afin de rentrer à l’hôtel. Y a intérêt car les chemins y menant sont escarpés, relativement étroits et jonchés de déchets et de déjections … Or comme nous sommes quasi dans le noir, nous ne voyons pas vraiment sur quoi nous marchons.


L’inde est décidément impénétrable, de jour comme de nuit, un pays où vous passerez continuellement, en une fraction de seconde, sans que rien ne vous y prévienne ni prépare, du magnifique au dégoûtant. Cette atmosphère, vraie montagne russe émotionnelle, on l’aime ou on la déteste mais l’indifférence n’est pas à l’ordre du jour. 

Ici, vous serez suffoqué autant par la beauté de paysages, de certains monuments, des rites, des gens, de leur sourire et vêtement éclatant de couleurs que par des odeurs nauséabondes, par l’insalubrité et l’instabilité de certains bâtiments qui vu leur état semblent pour le moins défier les lois de la gravité, par une bousculade de flux ininterrompus et du bruit, des bruits plutôt, en permanence ; sans parler d’un manque évident d’un début de commencement de quelque chose qui ressembla à de l’hygiène. 

Tout se côtoie, se touche, interpelle, choque ou ravit. D’ailleurs, ce n’est pas d’Inde mais des Indes qu’il faudrait s’entretenir tant le patchwork est varié, d’un endroit à un autre, d’une région à une autre, du nord au sud. Un de mes amis y est déjà venu plus de 11 fois, sac à dos sur l’épaule pendant 2 à 3 mois, et il estime qu’il n’en n’a toujours pas fait le tour. Ce voyage devrait donc en appeler d’autres. 

mardi 18 avril 2017

L'ECRITURE VERSUS L'ECRIT DURE



Question : l’écrit, c’est fait pour durer ?

Bin justement, c’est une bonne question. Un petit retour en arrière s’impose.

Depuis toujours, l’écriture m’est thérapeutique, enfin plutôt dans le sens « terre – happy » (terre heureuse) comme s’intitulait le spectacle d’un comique belge. En effet, depuis tout jeune, atteint d’une logorrhée verbale - comme dira plus tard le frère d’une ex « Hugues n’a rien à dire, mais il ne sait pas comment » - bref, il possède une certaine facilité d’expression ; de là à dire qu’il a quelque chose à dire et qu’elles vont perdurer, il y a sans doute de la marge.

L’écrit, pensais-je, oblige à synthétiser, à prendre du recul, permet de mettre ses idées en place, peut être lu et relu ; et puis surtout si « verba volant, scripta manent » (Si les paroles s’envolent, les écrits restent).

Ha chouette, par définition donc, c’est fait pour passer à travers les travers du temps. Dis donc, de tout temps, je n’aurai jamais répondu aussi vite à une question que je me posais. C’est louche. Je ne dois pas en avoir fait le tour. Creusons un peu.

Ecrire me permet de me vider la tête, enfin de la vider c’est juste une expression car elle ne veut pas rester vide celle-là : toujours à pérorer, commenter, penser, réfléchir, imaginer.

Alors écrire me permet-elle de synthétiser ?
A 1ère vue, oui, cf. surpra et ce presque excès de vitesse dans LA réponse à LA question. Mais j’me connais : grand spécialiste de l’ex-cursus, cela va m’être surtout un prétexte pour parler d’autres choses, du genre « euh je sais pas »; enfin c’t’un genre comme un autre, non ?

Prendre du recul ?
Ha, ça oui. Sauf en écriture automatique, par principe même l’écrit m’est une prise de recul par rapport aux choses et aux gens, une manifestation de cette façon de voir et d’exprimer différemment du commun des mortels malgré que j’en sois un quand même, de mortel, surtout devant l’Eternel. Ha, que c’est beau l’indicible. Comme disait Woody Allen : « C’est long l’éternité, surtout vers la fin ».

Permettre de mettre ses idées en place. ?
Ou à tout le moins, mettre des idées en place ; mais en s’évertuant à avoir un début, un milieu et une fin. Voilà déjà un sensible progrès par rapport à l’expression orale de votre humble serviteur : - Tu t’y retrouves toi dans ce qu’il a dit ? C’est quoi le rapport avec notre discussion ? Tu y comprends quelque chose ? - Pô grave, laisse couler, c’est Hugues. Faut pas chercher à le suivre, sinon t’as pas fini de marcher.

Peut être lu et relu.
Enfin pour être lu, faudrait qu’on ait envie de lire. Jusque-là, ça va. Les commentaires sont : encore. Qu’est-ce qu’il y a comme maso dans le monde ! C’est étonnant. Quant à être relu … Pour celui qui écrit, certainement. Pour les autres, l’avenir nous le dira lorsque fin du XXI siècle dans les écoles et les dictionnaires vous découvrirez le mot « richardise », dont la définition est: se dit d’une chose écrite par un inconnu qui sait ne rien dire mais le fait si bien que le vulgum pecus en redemande ».

Cette fois ça y est, j’ai répondu à la question. Je suis passé à la postérité même si c’est un peu à la façon d’la tombe du soldat inconnu, m’enfin on en parle.


Hugues Richard, tu connais tu connais ?

PARLER DE L'INEXPLICABLE


                             

-      J’ai peur.

-      Peur, mais peur de quoi ?

-      Bin, que le ciel, i(l) me tombe sur la tête. Et en plus, au plus les choses se passent bien et bien longtemps, dans la durée quoi, genre : le bonheur est là, il s’installe, con-for-ta-ble-ment, i(l) bouge plus, plus d’ennui, de tracas, de soucis; au plus cela m’inquiète … car je me dis que ce qui va alors me tomber dessus, ça (ne) va pas être de la tarte mais du bien solide, genre ciment – béton armé assermenté du label Communauté Européenne ; the machin hors du commun, lourd et indestructible provoquant en cas de malheur de gros grôs dégâts. Bref, une période heureuse, c’est vachement inquiétant. Et si par miracle, disposant d’un optimisme bêtement bea, tu t’y habituerais, tu te rends compte ; c’est quelque chose que tu peux perdre.

Alors j’ai peur de ce que j’ai, j’ai peur de ce que je n’ai pas, j’ai peur de ce que je pourrais avoir, j’ai peur de ce que je pourrai ne pas pas avoir, j’ai peur de perdre ce que j’ai ou encore de perdre ce que j’aie eu. J’ai la frousse quoi.

-      Oh, t’inquiète, t’as vu l’état du monde actuel ?

   Aux USA, ils sont passés d’un président NOIR à un blanc complètement dingue avec sa moumoute de supermarché et ses avis tantôt simplistes tantôt contradictoires, en France les candidats aux élections ne savent tellement plus quoi faire de leurs multiples casseroles, vraies ou inventées, que le président finirait peut-être bien par être incarné par une blondasse genre Front National au front aussi buté que celui de son père, en Belgique ils ont un gouvernement qui n’est même pas encore tombé. 

   En Syrie, les combats c’est quand même tout autre chose que la guerre des boutons. En Turquie y a un président qui se verrait bien dictateur et qui pousse la plaisanterie jusqu’à demander par référendum l’accord de son peuple pour lui donner les pleins pouvoirs. 

   En Russie Poutine voudrait reconstruire la grandeur de l’ex URSS et son envie – besoin d’être connecté à la mer est sans limite. En Corée du Nord, c’est à qui a la plus grosse bombe. Jusqu’ici ils se contentent de la montrer mais ils pourraient être tentés un de ces jours de l’utiliser. En chine, il y a 30 ans, alors que c’était la loi de l’enfant unique ils en naissaient un toutes les trois secondes, et maintenant qu’ils ont supprimés cette loi, t’imagines, ça doit être trois par seconde. En Inde, c’est le pays au monde où il y a le plus de viols.  Non vraiment, t’inquiète pas ! Tout va mal. Et pour longtemps.

-      Ha non peut-être ! (formule typiquement belge qui signifie en fait « oui ») ; cela, ça ne va pas non plus. Y a quand même pas une entité supérieure qui aurait créé ce monde pour qu’il n’y ait que malheurs and C° ? C’est absurde. Cela n’aurait pas de sens. 

   Je sais bien qu’il y a eu le coup de la pomme, Eve, Adam et tout ça ; mais dis donc pour un Dieu dit juste et miséricordieux (pour rappel, entre dieux on ne se mange pas) ; celui-là, il a plutôt la rancune tenace.

-      Houlà une entité supérieure … mais tu t’entends ? Dans deux minutes tu vas me parler de l’existence de mondes visible et invisible, tu vas m’affirmer qu’ils sont connectés entre eux, que d’ailleurs tout est connecté, que tout est dans tout, que tout a du sens et que choses et gens ici-bas ne sont que vibration, que d’ailleurs la mort n’est qu’un passage d’un état vibratoire vers un autre, que tomber c’est pas grave mais que ce qui importe c’est la façon et la vitesse avec laquelle tu te relèves, que ce qui arrive c’est pas bon ou mauvais en soi mais que c’est ce que tu en fais qui est important, que tout est expériences - opportunités de leçons et d’apprentissages, que tout est d’abords à  accueillir, ensuite à accepter pour enfin assumer.

C’est pas vrai, c’est à croire que t’as fait un séjour en Inde, toi !

-      Absurde, il est, n’est-il pas, je dis plutôt car s’il n’est pas nécessaire d’aller là-bas pour saisir, comprendre, vivre et ressentir tout cela, y aller ça peut aider.

Il ne me reste plus dès lors qu’à vous un bon voyage, ici, maintenant, à l’intérieur de vous, ou alors … ailleurs.


TRAJECTOIRE - Trajet vers toi


Trajectoire : quel beau mot qui suggère en lui comme des idées de trajet, de jet, de toi et in fine de , comme la note de la gamme de do à do, ou serait-ce de dos à dos ? Reste la lettre c dont je choisi parce que cela m’arrange plutôt bien qu’elle sera la terminaison de l’abréviation « etc. »

Trajet :
Bin oui, aller en Inde implique un trajet ; cha ché chur. Et pour faire concis, en l’occurrence : une 1ère course contre la montre du domicile bruxellois à l’aéroport flandrien de Zaventem, 3 vols de plusieurs heures de la même lilliputienne capitale à la gargantuesque Inde, et plus précisément Amritsar ; delà 5h de taxi, puis 12 heures de bus jusqu’à presque Rishikesh ; presque car alors restait encore une demi-heure de taxi (et en Inde, c’est le genre de choses qui laissent des souvenirs surtout quand c’est à travers une dense forêt densément peuplée) pour atteindre le pont près de l’hôtel ; oui près et pas « à » car il y avait tout en portant vos valises et affaires pour 1 mois (mais pourquoi j’ai pris tant de choses aussi lourdes et encombrantes?) encore à marcher quelques courtes minutes qui parurent – il faut bien vous l’avouer - fort longues et totalement épuisantes.

Jet :
Quitte à me répéter et comme vous avez pu le constater : l’Inde ce n’est pas à un jet de pierre de la petite Belgique, qui n’est pourtant pas que le plat pays. Cette remarque à l’attention de nos aimables amis français dont certains sont encore persuadés que l’on parle tous comme Brel, une fois. Alors que ce fameux « une fois » n’est jamais que la traduction littérale du « eens » flamand qui en fait ne se traduit pas, mais que les flamands ont pas encore compris que ça se disaient pas en français. 

Et en Inde, pour y arriver, faut d’ailleurs mieux s’y jeter à corps perdu. De toutes les façons, corps, cœur, âme, ne vous en faites pas ; tout y passera. L’Inde, pourvu que vous y alliez dans une idée de développement personnel – et j’ai la conviction que même d’ailleurs si vous n’y allez pas dans cette idée- c’est le pays qui vous fera toucher l’ombre de votre lumière et les lumières de vos ombres, de toi à un jet l’une de l’autre et les unes des autres.

Toi :
Justement nous y voilà: toi, c’est-à-dire moi en tant que narrateur. Vous me suivez toujours ? Freud lui parlait du ça et du surmoi, je ne m’y avancerai pas, en tous cas pas hic et nunc (ici et maintenant). Mais creuser profondément en toi, tu verras vite que c’est en quelque sorte oser enlever son toit, ses protections, ses cuirasses et aller à l’encontre de sa part de divinité. C’est là notre touche d’impressionnisme : encore ombre et lumière ? Oui décidément on n’en sort pas.

Ré :
Do – ré – mi – fa – sol –la – si - do, c’est une histoire de huit notes, celle de la gamme allant du rock à la musique classique, du negro spiritual aux chants grégoriens. J’en passe et des meilleurs. La gamme, OK oui mais, laquelle ? Il y a la connue, celle qui va de do à do mais celle-là-même comporte plusieurs clés. 

Alors un chemin ou des chemins ? Bin, bon, euh que je t’explique, enfin que j’essaye : un cheminement comporte plusieurs chemins à plusieurs niveaux, et encore ne faudra-t-il pas omettre d’identifier les fils des visibles et invisibles.

Et quand nous parlons de « dos à dos », c’est aussi et surtout parce que tout cela a bon dos (en éducation judéo-chrétienne : souffrez ici-bas, vous en serez récompensé là en haut ; alors même que notre bon Pape François a reconnu que l’enfer et le paradis, cela n’existait pas. On s’est fait eu quoi ! A l’école, les « maîtres » nous racontent vraiment n’importe quoi). Ou alors que cela va être mis sur le dos d’un autre, des autres. Moi pas responsable, ou si, mais alors je ne suis pô coupable. Ce n’est pas moi, c’est lui.

Etc. :
Bref, les excuses et autres con – frictions on va se les renvoyer dos à dos. Et à partir de là, l’histoire n’en finira plus de rebondir pour ne plus en finir, d’où heureusement il y a la fameuse lettre c du mot latin et caetera.

En conclusion, un chemin sera fait de trajectoires, elles-mêmes porteuses d’avis, de leçons, d’apprentissages vers une amélioration nous menant à un ailleurs, ici et là-bas. Elle se composera de trajets variés et de jets variables pour finir en une sonorité d’un tout vibratoire qui entrera en résonance entre soi-même et l’environnement, autrement dit l’univers, ou encore tous unis vers. Résumé en une phrase, cela devient : tout est interconnecté.


mercredi 15 mars 2017

LE VENT


Le vent, le temps

Ce midi, sorti pour acheter un sandwich, je fus surpris par des rafales telles que celles du plat pays sur la côte belge mais … sans la mer, le sable et les mouettes.

Par la fenêtre de mon bureau je vois ses effets dans les arbres. Ils s’agitent. Je l’entends par moments, espacé, souffler de ci de là dans la maison, de hululements en hululements, de souffles en soupirs, de résonnances aux silences.

Le vieux volet en bois défraichi tremble par à-coups et fait retentir de petits claquements suite à ses sautes d’humeur, il vagabonde. La fenêtre, entre ouverte, tremblote. Elle hésite entre ouverture et fermeture. Elle se cherche.

Une moto retentit. Elle pétarade tellement que ce bruit émane clairement du brouhaha continu du boulevard Saint-Michel tout à la fois si proche et si lointain.

L’arbuste, poussant sauvage dans la haie, fait des signes de désespérance avec ses feuilles bruissant à qui mieux mieux. Il tourbillonne.

Le souffle se fait plus puissant, divers bruits s’entrechoquent. Il mugit. Quelque part, une planche tombe. Les nuages noirs s’alourdissent. Le soleil peine à les traverser. De temps en temps, une faible lueur éclaircit le paysage pour mieux s’éteindre encore plus profondément l’instant d’après.

Le  jardin se laisse bercer par la nature qui de l’automne a gardé les feuilles mortes,  étalées de tout leur long sur une pelouse trop haute, qui de l’hiver garde sa froidure, qui du printemps annonce sa floraison. Le temps, ainsi, s’écoule indifférent à tout ce qui se passe. Le bouda en pierre, appuyé sur la cabane en bois, reste zen.

La sonnette de l’école retentit, s’ensuit un plein moment de calme avant la probable tempête des enfants rendus à leur liberté et insouciance. Rien ne se passe si ce n’est un tram. Une sirène de police ou d’ambulance se fraie à son tour un chemin jusqu’à mes oreilles. La porte de la maison grince, un locataire sort. Elle grince à nouveau, il a dû oublier quelque chose.

Des nuages plus blancs font leur apparition. Un coin de ciel, d’un bleu de carte postale, émerge. Il s’est littéralement coupé en deux. Le volet claque toujours. La porte, cette fois s’est ouverte pour livrer son dernier passage. Les mugissements du vent se font plus aigus et constant.

Le temps passe, lentement, avec assurance qu’après lui la vie continuera à s’égrainer.

Cette fois, un coup plus violent permet aux arbres de se joindre à la party. Et de balancer de gauche à droite, à qui se montrera le plus fier et le plus solide, défiant le souffle d’Eole jusqu’à lui arracher une plainte de douleur et le faisant redoubler de fureur.

Une alarme de maison, au son si caractéristique, se fait à son tour entendre. Elle languit à force de se répéter avant d’enfin s’interrompre brusquement, redonnant la voix à la nature via le croassement d’un corbeau qui passait par là.

Quelques taches de couleurs essayent de percer des tons d’un gris souris auquel un chat sauvage ne daigne même pas jeter un regard. J’allume une cigarette et la vie continue. Ainsi passe le vent, ainsi passe le temps.