Cérémonie d’ouverture des cours
Elle est censée commencer ce premier jour à 16h30.
A 16h45 je me réveille en sursaut, regarde par la
fenêtre et voit toutes une série de nattes posées auprès d’un brasier et les
participants qui l’entourent.
Dans ma précipitation à prendre ma propre natte (ce qui
se révélera pas du tout nécessaire), je fais tomber ma pierre de protection
pour les peines de cœur. Astrid y voit un « mauvais » présage et trouve dès
lors qu’il m’est urgent de la faire nettoyer. Réflexion faite, pour ma part j’y
vois plutôt un bon présage. Si elle est tombée, c’est que je n’en n’ai plus
besoin car je suis déjà dans un lieu protégé.
La cérémonie est celle du feu
dans laquelle se combineront les 4 éléments, une 1ère invitation à ouvrir le
3ème œil et se terminera par une offrande de la terre au feu. A la toute fin,
après 4 « toucher » (au front, au nez et sur le bout de chaque favori) nous
recevrons un collier de fleurs orangées et très odorantes ainsi qu’un petit
morceau de massepain. Le tout n’aura duré qu’1 heure.
Cérémonie du feu au bord du Gange.
Cela se déroule sur un endroit spécialement prévu pour
avec gradins (en fait les marches d’un gigantesque escalier), un orchestre live
fortement amplifié, une foule bigarrée aussi nombreuse que bousculante et pas
mal d’officiants (jeunes et moins jeunes) tous de jaune vêtu.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que cela a de
l’allure. Quand le bac principal est bien enflammé, plusieurs lampes à formes
variées y sont allumées et tenues par ces officiants qui se dispersent dans la
masse des spectateurs qui s’empresse d’essayer de les toucher.
C’est à ce
moment leur façon pratique de participer à la cérémonie, mais attention à bien
saisir la tige qui soutient ces petits feux par le bas et à ne pas faire comme
moi : heurter le foyer, brûlure foudroyante garantie. Ca fait « bich », comme
on dit chez moi.
Je vais le plus vite possible plonger ma main dans le
Gange au milieu d’ablutions très codées, on ne sait jamais, des fois que l’eau
s’y révélerait miraculeuse … peine perdue et pourtant le simple fait qu’autant
soient là à y tremper dans un manque absolu d’hygiène sans qu’il n’y ait de
maladies est déjà un miracle en soi. Heureusement que j’ai à l’hôtel de la
crème pour ce genre de problème. Mais le temps d’y arriver, j’ai déjà sur mon
doigt une belle et fameuse cloque.
Durant l’avant-cérémonie j’en ai profité pour confier au
fleuve sacré les quelques morceaux gardés de ma pierre bleue, reliquat de ce
qui reste après sa chute dans ma chambre tout au début du séjour. Astrid me
l’avait conseillé en façon de dire au-revoir à un passé récent de ma vie (la
longue procédure de divorce) et de demander que plus jamais je n’ai à subir
l’influence de certaines personnes toxiques. L’idée n’étant pas de couper tous
contacts avec ces gens mais de mettre en place le nécessaire pour ne plus
autant en souffrir.
Le code pour se « nettoyer » religieusement dans le
Gange est le suivant : prendre de l’eau en ses deux mains jointes et la verser
sur le corps en partant de la tête, s’y reprendre à plusieurs fois en se
frottant tout le corps du haut vers le bas ; d’aucun(e)s osent même en boire et
en reprendre. Rappelons quand-même que le Gange fait partie des fleuves les
plus pollués au monde.
Pour ma part, j’ai juste fait trempette des pieds ; deux
fois : une première jusque comme ça pour pouvoir dire que je l’ai fait, une
deuxième pour en prendre un cliché, hein, des fois qui en auraient qui me
croiraient pas, tout en tentant de faire des photos – elles seront toutes
ratées - de petites lumières entourée de fleurs sur de minuscules barquettes en
papier poussées par le courant et dérivant de ci de là. Ce spectacle a quelque
chose de merveilleux, presque magique.
Ensuite, juste avant de quitter les lieux, pour ceux qui
le souhaitent, contre offrande sonnante et trébuchante un personnage dans un
petit bâtiment entouré de multiples statues de dieux indous vous donne un peu
de nourriture à leurs offrir et vous met un point rouge sur le front. C’est
l’indication pour tout et un chacun que vous avez participé à une cérémonie de
purification.
Ceci dit, la cérémonie a beau être finie, certain(e)s
sont encore dans un état de semi-transe. Ils crient joyeusement et se
congratulent les uns les autres. Pour la plupart, ils gesticulent de façon
impressionnante; certains dansent, d’autres frappent en rythme dans les mains.
Bref, c’est pas fini pour tout le monde.
Détail amusant : le guide nous fait reprendre nos
chaussures à un comptoir payant pour nous les faire aussitôt enlever quelques
mètres plus loin (il faut être pieds nus pour recevoir the point rouge) pour
ensuite les remettre immédiatement afin de rentrer à l’hôtel. Y a intérêt car
les chemins y menant sont escarpés, relativement étroits et jonchés de déchets
et de déjections … Or comme nous sommes quasi dans le noir, nous ne voyons pas
vraiment sur quoi nous marchons.
L’inde est décidément impénétrable, de jour comme de
nuit, un pays où vous passerez continuellement, en une fraction de seconde,
sans que rien ne vous y prévienne ni prépare, du magnifique au dégoûtant. Cette
atmosphère, vraie montagne russe émotionnelle, on l’aime ou on la déteste mais
l’indifférence n’est pas à l’ordre du jour.
Ici, vous serez suffoqué autant par
la beauté de paysages, de certains monuments, des rites, des gens, de leur
sourire et vêtement éclatant de couleurs que par des odeurs nauséabondes, par
l’insalubrité et l’instabilité de certains bâtiments qui vu leur état semblent
pour le moins défier les lois de la gravité, par une bousculade de flux
ininterrompus et du bruit, des bruits plutôt, en permanence ; sans parler d’un
manque évident d’un début de commencement de quelque chose qui ressembla à de
l’hygiène.
Tout se côtoie, se touche, interpelle, choque ou ravit. D’ailleurs,
ce n’est pas d’Inde mais des Indes qu’il faudrait s’entretenir tant le
patchwork est varié, d’un endroit à un autre, d’une région à une autre, du nord
au sud. Un de mes amis y est déjà venu plus de 11 fois, sac à dos sur l’épaule
pendant 2 à 3 mois, et il estime qu’il n’en n’a toujours pas fait le tour. Ce
voyage devrait donc en appeler d’autres.
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